L’économie circulaire pour les nuls (2/2)

Comment l’économie circulaire va changer votre entreprise

Cette article est la suite d’un précédent article disponible ici.

Le secret de l’écoconception

Passons maintenant à ce que l’industrie peut faire. Bien sûr, la réflexion que tout un chacun peut mener avec les 5R de l’économie circulaire est applicable à l’industrie. Elle a, cependant, un autre bras de levier important. Nous avons vu dans les R supplémentaires le terme de Redesign. Ce dernier est un terme primordial pour l’industrie. Il faut, parfois, en effet, repenser la conception d’un produit pour le faire entrer dans l’économie circulaire. Il faut, en fait, penser au cycle de vie entière du produit lors de sa conception déjà. Prévoir le moyen de réparer un produit simplement fait partie de cette réflexion. Le rendre le plus solide possible, et surtout prévoir le moment où il devra être démonté pour que chacun de ses composants puisse être séparé des autres facilement et réutilisé d’une autre manière.

Une nouvelle chaîne de valeur

Comme nous venons de le voir, pour qu’un produit s’inscrive dans un principe d’économie circulaire, son cycle de vie doit être pensé depuis le début de sa conception. Dans son design, mais aussi, et déjà, dans le choix des matières premières utilisées. A ce propos, votre matière première doit-elle impérativement venir d’un produit propre et neuf ? Des entreprises ont décidé de fabriquer leurs produits à partir de matières premières déjà usagées. A l’exemple de Freitag(qui produit des sacs à base de bâches de camions), de reversible eco design (qui fait de tout à partir de n’importe quel matériau) ou d’Ecoalf, qui fait des habits à base de bouteilles de pet. Si vous fabriquez des machines de chantiers, l’huile servant à lubrifier vos pièces doit-elle être propre et immaculée ou doit-elle simplement respecter une certaine viscosité pour ne pas se chauffer trop vite avec le frottement et rester en place ? Si vous nettoyez des appareils avec du solvant, votre solvant peut-il être un mélange de solvants ?

Le conditionnement aussi doit être pensé

Au moment de conditionner votre produit, pourquoi ne pas choisir un matériau qui soit réutilisable, compostable ou qui se recycle facilement ? Il s’agit ici de penser à tous les cas de figure, mais surtout au cas, trop fréquent, où un emballage se retrouve dans la nature. Il est important que cet emballage se dégrade au plus vite. Il faut aussi avoir en tête que chaque gramme de matière utilisé pour emballer est un gramme de matière à faible valeur ajoutée. Mieux vaut opter pour un emballage le plus petit possible ayant le moins de matière possible. Et pourquoi pas réutilisable ? Une entreprise de textile pourrait utiliser ses chutes comme emballage. Privilégiez les cartons recyclés avec le minimum de papier bulle à l’intérieur. Tentez de grouper les commandes pour un même client.

L’importance de la réparation

Si votre entreprise veut être au top de l’économie circulaire, elle doit songer à la réparation de ses produits. Cela a peut-être un coût, mais il peut être largement compensé par l’apport de nouveaux clients. Les exemples sont nombreux d’entreprises offrant un large service de réparation et qui ont vu leur clientèle augmenter. Dans le textile, Mammut, mais surtout Patagonia sont de bons exemples (cette dernière structure propose même des ateliers de réparation, où elle répare des produits d’autres marques). Dans l’électronique, Seb garantit la fourniture de pièces de rechange et un support technique durant 10 ans sur tous ses produits. Fairphone vend toutes les pièces de son smartphone séparément et donne les instructions pour les changer seul. Dans le mobilier, Ikea propose gratuitement plusieurs pièces de rechange pour ses meubles, au cas où elles se casseraient ou se perdraient durant un déménagement. Lors d’une réparation, seule une petite quantité de ressources est nécessaire en comparaison à une production à neuf.

Et la fin de vie du produit dans tout ça ?

Il est certain que chaque produit arrive un jour ou l’autre et malgré tout, en fin de vie. A ce stade, pourquoi l’entreprise ayant créé le produit ne se chargerait-elle pas de l’éliminer ? Si la conception de départ a été bien faite, il doit être possible de séparer facilement les différentes pièces, certaines pouvant être réutilisées directement, d’autres nécessitant, probablement, une remanufacture, le recyclage pouvant s’effectuer au sein même de l’entreprise. Le reste peut servir de matière première à une autre usine ou être injecté dans une filière de recyclage correspondante.

Et les sous-produits de production ?

Une usine a facilement des sous-produits de production qui sont généralement traités dans des usines spécialisées.

Nous sommes ici en plein dans le cycle de l’économie circulaire. Si nous reprenons le paragraphe sur les matières premières, nous voyons que nous parlons de mélanges, de solvants, d’huiles… Toutes ces matières sont bien souvent des sous-produits (évitons de parler de déchets) de fabrication d’usine. Ne vaudrait-il donc pas la peine de réfléchir, vous aussi, à la façon de valoriser vos sous-produits ? Ceux-ci sont sûrement utiles à quelqu’un d’autre, qui serait ravi de pouvoir les utiliser. Actuellement, vous payez 3 fois pour vos déchets : 1 fois quand vous achetez cette matière que vous n’utiliserez pas, 1 fois quand vous la transformez pour ne pas l’utiliser et finalement 1 fois pour vous en débarrasser.

Prenons l’exemple d’une orange. Vous l’acheter au poids et paierez donc aussi pour la peau. Vous devrez l’éplucher, ce qui vous fera perdre du temps (donc de l’argent). Puis vous paierez pour composter cette peau dans votre commune.

En entrant dans l’économie circulaire, vos sous-produits de fabrication sans valeur, pour vous, en prennent pour une autre usine, qui utilisera des ressources déjà prélevées et non utilisées plutôt que de devoir en prélever des nouvelles.

Et tout commence par la fin

Si vous êtes arrivé à la fin de ces articles, vous avez une vue d’ensemble de ce qu’est l’économie circulaire. Et sur la façon dont cette dernière doit permettre de diminuer la quantité de ressources nécessaires à notre économie, sans diminuer pour autant la quantité (et la qualité?) de(s) produits créés. La clé est simplement d’exploiter le 100 % des capacités des matières premières extraites. Souvent, l’économie circulaire n’est qu’un retour au bon sens, l’important étant d’en prendre conscience.

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