Tout ce qu’il faut savoir sur le chlorothalonil

Si l’expression de l’année est « la vague verte », le mot de l’année est sans doute le chlorothalonil. Et pour cause, suite à une réévaluation de la dangerosité des quelques métabolites de ce produit, la Confédération suisse a récemment décrété que certaines sources d’eau étaient devenues impropres à la consommation.

Et en français, ça donne quoi ?

Le chlorothalonil est une molécule (représentée en haut de cette page), qui contient un peu de chlore, d’azote et un cycle benzoïque, c’est-à-dire 6 atomes de carbone qui se partagent des électrons.

Cette molécule est utilisée dans de nombreux fongicides, des produits contre les champignons employés notamment par les agriculteurs pour protéger leurs récoltes. Déposée sur le sol, elle va ensuite gagner les nappes phréatiques tout en se décomposant.

Cette molécule a une durée de vie de 25 jours environ, c’est-à-dire qu’après ce laps de temps, toutes les molécules de chlorothalonil se seront décomposées en d’autres substances, communément appelées des « métabolites ».

Et c’est là que les problèmes commencent.

Les métabolites, tel que l’acide sulfonique, vont s’infiltrer jusqu’aux nappes phréatiques et se retrouver dans l’eau. Or, s’il n’a pas été prouvé que l’acide sulfonique était nocif, rien ne garantit qu’il soit sans risque pour la santé. Il serait peut-être cancérigène. Dans l’incertitude, on se protège donc en appliquant le principe de précaution.

Selon le principe de précaution : « En cas de risque de dommages graves ou irréversibles, l’absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l’adoption de mesures effectives visant à prévenir la dégradation de l’environnement. ». Ce principe est souvent étendu à la santé. C’est pourquoi la Confédération définit une limite 1 microgramme par litre (1 cuillère à café dans une piscine olympique), en attendant d’avoir plus de connaissances sur leurs toxicités réelles.

Pourquoi cette limite pose problème ?

Nous avons vu que le chlorothalonil met 25 jours à se dégrader. Ses métabolites ont, eux, une durée de vie de 1’000 jours ou plus. Par conséquent, à chaque fois que quelqu’un répand du chlorothalonil sur le sol, il faudra attendre plus de 3 ans pour que les métabolites aient entièrement disparus de notre e sol et de nos eaux. Or, dans ce laps de temps, il y a de fortes chances que ce produit doive être réutilisé. Il y a donc fort à parier que la concentration des métabolites du chlorothalonil continue d’augmenter, gentiment, mais sûrement.

Les 3 solutions pour résoudre le problème

Dès lors, les communes qui verraient leur eau devenir impropre à la consommation, en raison d’une quantité trop importante de chlorothalonil, doivent prendre toutes les mesures possibles pour fournir une eau qui respecte les normes à leur population. La mesure la plus simple et la moins onéreuse consiste à mélanger une eau ayant un taux un peu trop élevé d’acide sulfonique avec une eau n’en contenant pas ou très peu.

Une autre mesure consiste à filtrer par membrane ou au charbon actif le produit visé, tout en sachant que cela coûte plus cher et que ce procédé risque de filtrer, sans qu’on le souhaite, d’autres produits utiles (tel que des minéraux). Finalement, il convient de noter que chauffer l’eau avant de l’injecter dans les réseaux est une manœuvre inutile, l’acide sulfonique s’évaporant à plus de 200 °C, ce serait un équipement coûteux en machine et en énergie.

Finalement, il est évident que l’interdiction des produits contenant du chlorothalonil, qui vient d’être déclarée par la confédération, permettra de supprimer, à terme, le problème de l’acide sulfonique. Toutefois, l’important, comme pour tout, est d’avoir une solution qui ne soit pas pire que le mal.

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